Mon année de stage est arrivée à sa fin, et en réalité elle s'est terminée un peu précocement, comme je vous l'expliquais dans mon article de juin.
Depuis le début de l'année j'avais en tête de vous écrire un bilan afin de partager mon ressenti en tant que stagiaire mais aussi plus largement du métier qui est maintenant le mien, avec la courte expérience que j'en ai.
Outre ma situation compliquée du fait que je louais un studio à Chartres (double loyer donc), que je rentrais à Montargis tous les weekends (fatigue et stress des transports accumulés au travail) et que je garde un goût amer en cette fin d'année car je n'ai pas eu le droit de quitter l'Eure-et-Loir pour rejoindre le Loiret (deux départements déficitaires en postes), je peux tout de même dire que c'était une année de stage réussie et j'en tire un bilan très positif !
Un métier dans lequel je m'épanouis
Moi qui aurait préféré être mère au foyer plutôt que d'avoir à travailler (la meuf old school quoi), je suis tellement soulagée d'avoir trouvé un métier qui me plaît réellement !
Durant la préparation du concours, j'ai traversé tellement de périodes de doutes où je me disais : "et si je ne suis pas assez patiente pour travailler avec des enfants tous les jours ? et si je suis incapable d'enseigner quoi que ce soit ? en bref : et si ce n'est pas fait pour moi ?", cette année de stage en autonomie m'a confirmé que même si je ne serai jamais une maîtresse parfaite et que je m'en lasserai sûrement avant la retraite, je pouvais aller au travail avec envie, le sourire aux lèvres et en repartir certes exténuée mais satisfaite, heureuse.
Une chose qui me prouve que c'est un métier enrichissant pour moi, c'est que même quand je suis en vacances je pense souvent avec enthousiasme à des séquences que je vais faire ou à des petites choses que j'ai envie de tester avec mes élèves pour améliorer les journées de classe.
Et puis même si certains peuvent être très pénibles, voire décourageants, j'adore travailler avec des enfants : curieux, drôles, parfois naïfs, pleins de surprises... je me sens plus à l'aise avec eux qu'avec des adultes car j'ai ce sentiment qu'ils ne me jugent pas, ou tout du moins différemment, avec leur regard d'enfant. Ceci dit, j'apprécie aussi la relation avec les familles, même si je n'ai pas été énormément en contact avec eux cette année : échanger pour valoriser leur enfant, rassurer les parents inquiets... C'est une partie du métier que j'ai hâte de développer même si ce n'est pas toujours la plus facile (surtout lorsqu'il faut annoncer des mauvaises nouvelles, ce que j'ai aussi eu à faire cette année).
Enfin, malgré le peu de reconnaissance venant de notre hiérarchie, je me sens utile à travers ce métier. Bien qu'encore une fois je ne sois pas irréprochable, j'ai tout de même le sentiment d'accomplir une mission d'intérêt public et j'ai l'espoir qu'avec toute ma bonne volonté et ma bonne humeur, je pourrai permettre à quelques élèves de garder un bon souvenir de leur année, peut-être leur redonner confiance voire même les aider sur le plan pédagogique (genre débloquer leur angoisse de la division comme l'a fait ma maîtresse de CM2 avec moi, haha).
Le plaisir de la liberté pédagogique
C'est un avantage énorme que l'on a à enseigner en France : en primaire, nous sommes libres d'organiser nos cours comme on le souhaite, à condition de respecter le programme et les taux horaires pour chaque discipline. Ce principe garantit (plus ou moins) une équité de connaissances entre élèves tout en nous permettant de choisir notre façon de faire cours, et donc de pouvoir aussi se faire plaisir sur le choix de thèmes, supports...
Cette année, j'ai décidé de créer mes propres séquences en Littérature, en Arts et en E.M.C, tandis que pour le reste, je me suis basée en grande partie sur un manuel permettant la différenciation (proposant trois niveaux de difficulté aux élèves).
J'adore préparer des séquences pluridisciplinaires, notamment en liant l'art et la littérature. J'essaie de créer du lien entre toutes les disciplines au maximum mais ce n'est pas toujours évident. J'ai hâte de le faire avec les matières que je n'enseignais pas cette année, comme l'anglais (ma spécialité de base, tout de même !) et l'histoire.
J'adore préparer des séquences pluridisciplinaires, notamment en liant l'art et la littérature. J'essaie de créer du lien entre toutes les disciplines au maximum mais ce n'est pas toujours évident. J'ai hâte de le faire avec les matières que je n'enseignais pas cette année, comme l'anglais (ma spécialité de base, tout de même !) et l'histoire.
Une charge de travail considérable
Mais comment je vais faire quand j'aurai cours quatre jours dans la semaine ?!
Enseigner est un métier chronophage, je le savais, mais ce que je n'imaginais pas, c'est que je serai capable de me coucher à minuit épuisée après avoir fini de bosser à 23h30 ! Je pensais vraiment que j'étais suffisamment flemmarde pour ne pas m'imposer ce rythme mais je me suis découvert de nouvelles limites et surtout une véritable conscience professionnelle, haha !
C'est assez rassurant dans un sens (je le fais pour mes élèves et parce que j'aime ce métier) et je sais que si j'ai passé autant de temps à travailler cette année c'est parce que je n'avais rien de prêt en amont (normal pour une première année) et parce que j'ai fait le choix de créer mes propres séquences, ce qui implique de longues phases de recherche et d'édition de documents (mon copain m'a taxée de perfectionniste, ce que je ne pense pas être car je connais bien pire que moi haha), surtout en Littérature - par exemple j'ai eu la bonne idée de m'infliger la lecture, certes plaisante, d'un livre de 432 pages en quête d'un passage précis, pour au final choisir un extrait situé à la 30e page, haha...
Enseigner est un métier chronophage, je le savais, mais ce que je n'imaginais pas, c'est que je serai capable de me coucher à minuit épuisée après avoir fini de bosser à 23h30 ! Je pensais vraiment que j'étais suffisamment flemmarde pour ne pas m'imposer ce rythme mais je me suis découvert de nouvelles limites et surtout une véritable conscience professionnelle, haha !
C'est assez rassurant dans un sens (je le fais pour mes élèves et parce que j'aime ce métier) et je sais que si j'ai passé autant de temps à travailler cette année c'est parce que je n'avais rien de prêt en amont (normal pour une première année) et parce que j'ai fait le choix de créer mes propres séquences, ce qui implique de longues phases de recherche et d'édition de documents (mon copain m'a taxée de perfectionniste, ce que je ne pense pas être car je connais bien pire que moi haha), surtout en Littérature - par exemple j'ai eu la bonne idée de m'infliger la lecture, certes plaisante, d'un livre de 432 pages en quête d'un passage précis, pour au final choisir un extrait situé à la 30e page, haha...
Ce dont on ne se rend pas compte avant de se retrouver seul en charge de sa classe (et encore, j'étais à mi-temps donc ma charge était réduite de moitié), c'est le nombre interminable de petites tâches qui s'accumulent dans la journée, qui nous prennent du temps mais aussi de l'énergie car il faut y penser, s'assurer de ne pas oublier puis les réaliser pour parfois se dire que ça ne sert plus à rien : remplir correctement le cahier d'appel, annoter son cahier-journal (une sorte de trace de notre journée, particulièrement utile pour les éventuels remplaçants), répondre aux mots des parents dans le carnet de liaison, réaliser cette tâche administrative chiante mais indispensable, ne pas oublier d'écrire aux parents de untel pour expliquer qu'il a insulté ses petits camarades, appeler l'assistante sociale de machin pour lui faire un compte-rendu, rendre le Légo confisqué à cet élève perturbateur... BREF, vous voyez le topo haha.
Je pense que c'est le lot de chaque travailleur et que là encore, l'expérience forge des habitudes, une organisation qui permet de se sentir moins submergé par le flot de tâches subalternes... C'est en tout cas un point sur lequel il faudra que je travaille à l'avenir : mon organisation spatiale, matérielle, temporelle et mentale !
La tenue que j'ai préféré porter à l'école, à voir ou revoir ici.
Solitude, frustration et impuissance
Cette année n'était pas toute rose évidemment et au-delà de la fatigue je me suis parfois sentie seule face à mon travail. J'ai apprécié être autonome et ne pas avoir tout le temps quelqu'un sur mon dos, mais j'aurais aimé pouvoir être conseillée plus facilement et surtout, pouvoir appliquer les protocoles qui m'ont été enseignés durant la préparation au CRPE, notamment en ce qui concerne la gestion des élèves en souffrance. Je savais ce que je devais faire mais je n'ai pas toujours été écoutée par la communauté éducative et je me suis aussi trouvée confrontée au manque de moyens, le plus frappant étant l'indisponibilité de la seule psychologue scolaire de ma circonscription, dont certains de mes élèves auraient eu bien besoin (un rendez-vous avec elle aurait permis de débloquer d'autres aides ciblées).
Ce manque de moyens est à ce jour ma plus grande frustration vis à vis de l'Education Nationale : les postes à l'issu du concours diminuent d'année en année, le métier attire de moins en moins car les salaires sont plus bas comparés à d'autres métiers aussi qualifiés (on a quand même un master et un concours très sélectif en poche...), le personnel disparaît peu à peu (psy, infirmier(es), profs spécialisés...) et ce manque d'investissement dans l'Education se répercute inévitablement sur la charge de travail des enseignants et des directeurs d'école qui doivent être toujours plus polyvalents.
Pour finir, ce qui m'a aussi beaucoup blessée cette année, c'est la critique constante à laquelle on doit faire face. Se sentir obligé de se justifier sur nos seize semaines de vacances scolaires, en permanence, être publiquement dévalorisés par le gouvernement dans une période où la majorité des professeurs a dû doubler sa charge de travail (cela a en tout cas été mon cas sur une grosse partie du confinement), s'entendre dire que l'on coûte trop cher à la société...
J'ai personnellement beaucoup de mal à encaisser ces attaques et je l'ai d'ailleurs toujours très mal vécu pour toutes les professions car je pense qu'on ne peut pas se permettre de parler de ce qu'on ne connaît pas : non, il ne suffit pas d'avoir été élève ou parent d'élève pour connaître les rouages de l'Education Nationale, tout comme il ne suffit pas d'acheter ses légumes au petit producteur bio de son marché de quartier pour pouvoir porter un jugement éclairé sur l'agriculture en général... Mais je m'écarte ; )
Mon nouveau bureau à Montargis pour finir l'année à distance.
Avez-vous des questions concernant mon année de stage ? Ce qui m'attend pour la suite ? Votre propre expérience à partager ?
Je serai ravie de lire et répondre à vos commentaires (ou messages privés sur Instagram ou Facebook si vous préférez) ♥
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